A priori

L’atelier des concepts

Semaine du 07 septembre

Depuis les scolastiques, une démonstration est dite a priori lorsqu’elle prouve ce qui est postérieur par ce qui est antérieur, par exemple l’effet par la cause. Une démonstration a posteriori au contraire prouve ce qui est antérieur par ce qui est postérieur, par exemple l’existence de Dieu par l’existence d’êtres imparfaits. Chez les modernes, les expressions a priori, a posteriori sont prises par rapport à l’expérience et signifient : antérieur à l’expérience, postérieur à l’expérience. Toutefois, Kant conçoit autrement le concept d’a priori.

Pour comprendre l’acception kantienne d’a priori, comparons cette expression avec des mots dont les sens sont voisins. Pour Descartes, il y a des idées innées, par exemple les idées de parfait, de triangle. Inné (ou naturel) veut dire ce que nous portons en nous à la naissance, du fait de notre nature. Leibniz de son côté affirme que ces idées sont virtuellement innées. Virtuel en langage leibnizien signifie que nous ne portons à la naissance qu’à l’état de germe, ce qui se développera ultérieurement au contact de l’expérience.

C’est ainsi que pour Kant, l’idée d’espace, l’idée de causalité sont a priori. A priori ne signifie pas chez lui, connu avant l’expérience, mais connu indépendamment de l’expérience, supposé par l’expérience et tirant son contenu et sa valeur d’ailleurs que de l’expérience, à savoir de l’esprit. A posteriori désigne ce qui résulte ou dépend de l’expérience.

Comme on le voit, chez Kant, l’expression a priori ne marque pas une antériorité chronologique, mais une priorité logique, une indépendance vis-à-vis de l’expérience. L’antériorité logique peut exister sans antériorité chronologique. Ce qui est a priori (indépendant de l’expérience) peut ne pas être inné : les principes premiers. Toutefois, notons que le philosophe qui admet qu’une vérité peut être a priori sans être innée a une position intermédiaire entre l’empirisme et le rationalisme. L’on dit souvent que l’apriorisme de Kant est un innéisme car pour lui, les principes premiers sont a priori, supposés par l’expérience, et innés, leur connaissance ne dérive pas de l’expérience.

Pour finir, remarquons que l’expression a priori n’a pas toujours l’emploi rigoureux de la philosophie. Claude Bernard emploie a priori pour signifier le stade du raisonnement expérimental qu’est l’hypothèse. Si l’on convient que celle-ci est suggérée par une expérience préalable, elle est donc d’une certaine façon a posteriori. L’hypothèse est aussi a priori en tant qu’elle a besoin d’être vérifiée par des expériences ultérieures.

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L’Atelier des concepts,

par Emmanuel AVONYO, op

IDEALISME

PHENOMONOLOGIE

Lire aussi, L’ACADEMOS, DISPENSAIRE DES AMES

2 responses to this post.

  1. Posted by Mono Muntu on novembre 19, 2009 at 7:55 pm

    juste pour vous feliciter de votre sublime travail. mais je ne percois pas nettement la difference que Kant établit entre a priori et inné d’autant plus qu’il definit a priori comme independant de l’experience, mais qu’innée est aussi independant de l’expérience

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  2. Posted by Mono Muntu on novembre 19, 2009 at 7:57 pm

    votre repônse m’aidera plus en l’envoyant à mon addresse. je suis étudiant congolais en 2 eme philo

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