5 septembre 2009
Analyse philosophique du fragment L. 136
PASCAL[1], Œuvres complètes,
Préface d’Henri GOUHIER, Présentation et notes de Louis LAFUMA
Par Emmanuel AVONYO, op
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Les Pensées ont été rédigées par Pascal entre 1656et 1662. C’est un recueil de notes destinées à une apologie de la religion chrétienne que Pascal lui-même n’eût pas le temps de mener à bien. Pascal se proposait comme objectif de détruire en l’homme les assurances de la raison, ainsi que tout ce qui peut le distraire de la vie spirituelle afin de créer en lui un terrain propice au dialogue avec Dieu[1]. Le fragment 136 sur le divertissement que nous analysons fait partie de la Section première du texte établi par Louis Lafuma. Il est précisément extrait du chapitre VIII des « papiers classés » qui s’intitule Divertissement. Dans ce passage, Pascal présente le besoin morbide de divertissement comme la cause des malheurs de l’homme. La situation de l’homme, asservi au divertissement, s’explique par l’aveuglement qui le fait rechercher un moyen d’échapper au malheur de sa condition mortelle, faible et misérable. Que penser de l’approche pascalienne du divertissement ? Quel est son soubassement et quelle portée philosophique lui assigner ?
Selon la tradition théologique représentée depuis le Moyen Age en particulier par saint Thomas, les jeux sont licites dans la vie d’un chrétien, ils participent d’une forme de discipline morale[2]. Le bon usage des jeux leur confère une véritable vertu morale et assure une régulation immanente à l’esprit. Cette tradition reconnaissant la compatibilité de quelques divertissements « mondains » avec la spiritualité chrétienne, conserve un succès sans démenti du début à la fin du XVIIe siècle. Mais l’anthropologie dont relève l’analyse du divertissement dans les Pensées ne s’articule pas pour sa part à cette théologie. Aussi, ne faut-il pas attendre une prédétermination du concept pascalien par la tradition statuant sur les usages légitimes des divertissements. Pascal fait entendre ici une voix discordante. Il modifie si radicalement la compréhension du concept de divertissement, cessant de lui prêter pour composante essentielle la propriété de reposer l’esprit, qu’il devient possible de lui donner une extension jusqu’alors inimaginable.
Le Petit Larousse (1998) définit le divertissement comme une distraction, un moyen de se divertir, de s’amuser et de divertir les autres, un intermède dans une œuvre lyrique et chorégraphique. Pour Pascal, ce mot désigne non pas les loisirs ou les plaisanteries, mais toutes les préoccupations qui détournent l’individu du souci de soi-même (L. 414). Les activités les plus sérieuses comme la guerre, la politique, la recherche scientifique ou philosophique tout autant que les activités frivoles de chasse et les plaisirs, sont présentées par Pascal comme des formes de divertissement. Il s’agit donc d’un « divertir» entendu en son sens étymologique de « détourner » : être diverti ou divertir de penser à ce qui rend malheureux, détourner son esprit ou l’esprit d’autrui de pensées insupportables. Sur la base de ces considérations, le divertissement peut être perçu, non pas comme un simple exutoire d’ennuis quotidiens, mais comme une évasion « libérante » devant la gravité des questions existentielles et par ricochet, comme un facteur d’épanouissement passager pour l’homme. En fait, le divertissement permet à l’homme de ne pas avoir une conscience aigue de sa situation misérable, l’aide à se détourner de soi et des vues des maladies, des révoltes et de la mort qui le menacent.
« L’unique bien des hommes, souligne Pascal, consiste à être divertis de penser à leur condition… par quelque passion agréable ». Les rois et les ministres, les personnes importantes de l’Etat sont heureux, non parce qu’ils remplissent utilement leur tâche, mais par le fait même qu’ils sont dans une situation privilégiée du divertissement étant donné le grand nombre de personnes qui les entourent et qui se consacrent à les divertir. Au regard de ce développement, l’on pourrait penser que l’homme place son bonheur dans le divertissement. Lucien Goldmann parlait même de « nécessité ontologique du divertissement »[3] pour l’existence de l’homme. Pascal lui-même « voit le divertissement plonger ses racines dans la nature essentiellement mouvante de la vie humaine. Le divertissement se cache derrière la brillante façade de la vie dispersée[4]». C’est pourquoi l’homme sèche d’ennui lorsque le divertissement lui est ôté et le silence éternel des espaces infinis l’effraie (L. 201). Pascal est persuadé que c’est une peine insupportable pour l’homme de vivre avec soi et de penser à soi. « Sans divertissement, il n’y a point de joie ; avec le divertissement, il n’y a point de tristesse ». Si le divertissement est cette lucarne par laquelle l’homme s’échappe à soi, il est clair qu’il n’est pas un antidote suffisant contre son malheur.
En effet, affirme Pascal, tout le malheur de l’homme vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. L’homme gît dans une instabilité profonde et se réfugie dans le divertissement auquel il est asservi. Le divertissement empêche l’homme de penser à soi et il ne peut pas s’en passer. Le divertissement est une servitude, il rend l’homme esclave. Dans un élan quasi instinctif, il le projette sans cesse au-dehors où il vit à la périphérie de son être véritable. C’est une évasion hors de sa condition tragique certes, mais qui accentue les malheurs de l’homme. Le malheur de l’homme est lié à l’ennui et la vanité, deux corrélats importants dans la détermination de l’homme par le divertissement.
La vanité dit « l’inconsistance et la vacuité ontologique » de l’homme. L’inconsistance tient au fait que l’homme place son bonheur dans le divertissement. Il y a vide car l’homme s’ennuie sans cause réelle d’ennui. Tout l’ennuie, même l’absence de motif d’ennui. L’asservissement de l’homme au divertissement a ainsi deux traits caractéristiques qui s’imbriquent et créent du même coup un paradoxe : l’homme s’ennuie pour rien et sa vanité fait que les distractions les plus futiles suffisent à le remplir momentanément de contentement. Mais il peine à se regarder, son regard s’envole déjà vers des horizons qui miroitent la joie, une joie qui finit par l’ennuyer. L’un des corollaires de son ennui, c’est qu’il vit dans la confusion des instincts ; cette confusion se traduit par le fait que l’homme cherche l’occupation et le divertissement au dehors, tout en ayant le secret pressentiment que son bonheur se trouve dans le repos. Il préfère volontiers la chasse à la prise, l’agitation au repos car le repos est pesant, et l’activité, un cycle de joie et d’ennui. L’homme, qui s’évade dans le divertissement, voltige sans répit. La misère, la souffrance, la terreur de l’existence le submergent. Sa recherche d’un asile pour l’esprit est infructueuse ; recherche d’autant plus vaine que, de nature, la possession des choses qu’il recherche ne le rend pas heureux. Le désir inflexible du cœur de l’homme s’avère être le principe même du divertissement[5] à cause de son caractère cupide et insatiable. Vu que sa vie est très paradoxale, l’on peut se demander si le divertissement est d’un quelconque intérêt pour l’homme. Le divertissement n’est qu’un remède, source de nouveaux malaises.
Pascal lui-même se demande si c’est un vrai bonheur que d’être réjoui par le divertissement. Il répond fermement « non, car il vient d’ailleurs et de dehors », il est sujet à mille accidents et source d’afflictions inévitables, il est porteur d’ennuis plus profonds. En prenant un peu de liberté avec le texte Pascal, nous dirons que le divertissement pascalien s’apparente au « paradigme du pharmakon », étant entendu que pharmakon signifie remède et poison. Aussi, l’opium qu’est le divertissement recèle les effets du pharmakon grec. Après avoir affirmé « la nécessité ontologique du divertissement », vu que l’être humain a besoin du divertissement pour se détourner de la conscience de sa misère, il faut reconnaître que le divertissement n’est qu’un palliatif de faible portée qui amplifie les malheurs de l’homme. Pourquoi alors le divertissement ? Pourquoi donc s’attacher au divertissement alors qu’il n’est qu’une panacée et un nouveau facteur de déchéance morale pour l’homme ? Le divertissement est-il une fatalité humaine ? Quel est cet homme sujet au divertissement ? Il convient à cette étape de notre analyse d’approfondir les présupposés philosophiques et les fondements du concept pascalien du divertissement, au-delà des causes relevés dans le texte.
Les Pensées de Pascal sont inspirées par ses expériences personnelles de l’homme. Pascal aurait connu un certain Mitton, espèce de pessimiste désabusé qui cherchait à s’oublier dans le divertissement[6]. Il s’est évertué à saisir la condition humaine dans ce qu’elle est. Sa principale thèse est que l’existence de l’homme se déroule dans la noblesse et dans la misère[7]. La vanité est ancrée dans le cœur de l’homme qui hésite entre l’ange et la bête. L’homme n’est que chimère et chaos, monstre et contradiction, imbécile vers de terre, cloaque d’incertitude et d’erreur, gloire et rebus de l’univers. Si toute la dignité de l’homme consiste dans la pensée (L. 346), force est de constater que l’homme n’est naturellement qu’un sujet plein d’erreurs ineffaçables sans la grâce (L. 83). Et puisque l’homme doit se connaître afin de régler sa vie (L. 72), Pascal l’invite à prendre une conscience plus nette de la place qu’il occupe dans l’univers, il dépeint son lot à travers la nécessité qu’il éprouve d’ « être diverti». La vanité, la misère, le néant, le divertissement traduisent en fait une situation plus préoccupante : celle de l’homme sans Dieu[8], celle de sa nature déchue. Ainsi, à la question qui est diverti ?
Pascal répond l’homme sans Dieu, c’est-à-dire l’homme qui a quitté Dieu par le péché et qui, dans sa solitude et sa finitude, se désespère de son impuissance, de son ignorance et de sa mortalité. L’homme passe son temps à rechercher à l’extérieur des objets capables d’occuper suffisamment son esprit pour ne jamais avoir le loisir de penser au «malheur naturel de sa condition faible et mortelle.» Le pis-aller qui consiste à détourner son esprit de la pensée de la mort permet à l’homme de se doter d’une immortalité feinte. A force de divertissement, l’homme se construit une durée factice, un temps imaginairement interminable, temps trop humain qui n’est que la sommation des moments pendant lesquels l’homme s’occupe à courir après les fumées. Couronnement de la fiction inventée pour duper son propre auteur, le divertissement comble de ses misères, l’abuse en l’amusant et le fait arriver insensiblement à la mort qu’il s’épuise en vain à tenir à distance.
À la diversion originelle du pécheur répond ainsi la nécessité d’une autre diversion, le divertissement, à reprendre inlassablement comme dans un mythe de Sysiphe, pour échapper à la vision affligeante de son propre « néant». Dans l’état de nature déchue où il vit (séparé de Dieu), il substitue à Dieu une suite indéfinie d’objets finis incapables de lui suffire (L. 148 et 131). L’homme, ayant perdu sa nature originaire, vit la misère de l’aveuglement comme une seconde nature (L. 149) ; cette seconde nature doit être guérie par le Rédempteur, Jésus-Christ, c’est-à-dire que la première nature doit être restaurée. Il va sans dire que seule la conversion peut arracher l’homme à la spirale du divertissement et lui rendre ses lettres de noblesse.
Le fragment L. 136 des Pensées de Pascal, par la finesse de l’argumentation et la richesse des procédés rhétoriques employés, veut inciter l’homme à rétablir ses liens avec Dieu. Dans le but de convaincre mais aussi de persuader son interlocuteur de son aveuglement, de la finitude de sa raison et de la nécessité de son retour à Dieu, Pascal se sert du concept de divertissement pour caractériser sa misère multiforme. L’ennui de l’« absence de Dieu » pousse l’homme au divertissement, mais aucune activité ne le divertit suffisamment. Sa vie semble osciller, comme dira Schopenhauer, entre souffrance et ennui. L’expérience du mal et la misère de la condition humaine ont donné un ton quasi lugubre à l’anthropologie de Pascal.
Néanmoins, l’essentiel est ailleurs : Pascal a présenté le divertissement comme « la dernière expression de la condition métaphysique de l’homme. Il est l’expérience vécue du néant de l’existence et de sa tristesse insupportable.»[9]En affirmant que le divertissement est le mobile essentiel de la condition humaine, Pascal opère une rupture, une véritable révolution logique, il dépasse la simple description et typologie des divertissements, pour faire apparaître que leur pluralité même a une raison qui n’est autre que ce qu’il appelle le divertissement, lequel acquiert ainsi pour la première fois un statut métaphysique et fondateur dans le champ de la théorie de l’action humaine.
>>> L’herméneutique à l’école de Paul Ricoeur
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BIBLIOGRAPHE
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Dictionnaire Le Petit Larousse, Bordas, 1998.
Ouvrages principaux
ü GOLDMAN, L., Le Dieu caché, Paris, Gallimard, 1959, 451 ages.
ü GUARDINI, R., Pascal ou le drame de la conscience chrétienne, Paris, Seuil, 1951, 242 pages.
ü LAMONTAGNE, A.-M., L’expérience de Dieu avec Pascal, Fides, 1998, 129 pages. ü MOROT-SIR, E., Pascal, PUF, 1973, 114 pages. ü
PASCAL, B., Œuvres complètes, par Louis Lafuma, Editions du Seuil, coll. « L’Intégrale », 1963, 684 pages.
Ouvrages secondaires
ü THOMAS D’AQUIN, S., Somme théologique, Trad. A. M. Roguet, Paris, Cerf, 1986.
ü VANNIER, G., L’existentialisme, littérature et philosophie, Paris, L’Harmattan, 2001, 186 pages.
[1] Marie-Andrée Lamontagne, L’expérience de Dieu avec Pascal, Fides, 1998, p. 21.
[2] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 2a – 2ae, qu. 168, art. 2. (La source philosophique de cettedoctrine se trouve dans Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 14, 1127 b – 1128 b, et X, 6, 1176 b – 1177 a).
[3] Lucien Goldman, Le Dieu caché, Paris, Gallimard, 1959, p. 241.
[4] Romano Guardini, Pascal ou le drame de la conscience chrétienne, Paris, Seuil, 1951, p. 64-65.
[5] Edouard Morot-Sir, Pascal, PUF, 1973, p. 29.
[6] Gilles Vannier, L’existentialisme, littérature et philosophie, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 70.
[7] Romano Guardini, Op. Cit., p.54.
[8] Ibidem, p. 71.
[9] Ibidem, p. 66.
[1] (Titre) Editions du Seuil, coll. « L’Intégrale », 1963. Publié dans Philosophie | Modifier | Aucun commentaire »
Posted by Yano on novembre 10, 2009 at 4:06 pm
Pascal a présenté le divertissement comme « la dernière expression de la condition métaphysique de l’homme. Il est l’expérience vécue du néant de l’existence et de sa tristesse insupportable.»
Métaphysique..!!
Si je sais bien utiliser le mot à bon escient, je ne suis pas sure par contre par bien comprendre ce qu’il veut dire exactement.
Ah ce brave Pascal, j’espère qu’il n’a pas entièrement raison, car j’ai entamé l’écriture d’un roman, par ennui, ou par divertissement, à moins que ce soit la même chose, la même expression de la tristesse de l’existence dont il parle.
quoiqu’il en soit, voici mon ébauche:
http://surfaceetprofondeur.wordpress.com/
Vos avis et critiques éclairés me seront précieux. Merci
Posted by L'Academie de Philosophie on novembre 10, 2009 at 9:29 pm
Bonjour Yano,
Merci pour l’intérêt que vous portez à nos articles et pour L’ACADEMOS.Votre réaction prouve que vous avez saisi la pointe de notre argumentation. Mais nous nous faisons le plaisir de répondre à votre attente.
Ci-dessus, nous faisons l’analyse philosophique du fragment L.136 (Louis Lafuma).Et le passage sur lequel porte votre question est une citation de Romano Guardini (Pascal ou le drame de la conscience chrétienne, Paris, Seuil, 1951). Nous l’avons appelé en appui de l’hypothèse que nous tenons selon laquelle Pascal a donné une portée métaphysique et ontologique à notre besoin ludique du divertissement. C’est à dire que désormais, le besoin de se divertir est l’expression d’un malaise qui affecte notre être dans son ultime profondeur.Autrement dit, le malaise qui motive le besoin de distraction est un mal-être authentique que les hommes affublent du nom de jeux, loisirs…
Cette affirmation repose sur les textes de Pascal lui-même. Il dit ceci « Les hommes ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l’occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles » L.136 ; car « les hommes n’ayant pas pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux de n’y point penser » L.133.
Nous pourrons multiplier les références pour expliquer l’argument de Pascal selon lequel tous nos désirs de divertissements proviennent d’une mauvaise conscience de ce qui nous caractérise en propre : la mort, le néant,la finitude, l’illusion, la vanité, la peur, la fragilité. Tous ces attributs ont l’avantage de toucher aux causes souterraines du besoin de se divertir.
On en vient aux deux points qui vous intéressent : le premier, le sens de « métaphysique ».
Sur « ontologie-métaphysique », vous pourrez suivre ce lien pour vous rendre à L’atelier des concepts.Cela pourrait paraître un peu complexe, mais nous sommes là pour nous entraider.
http://lacademie.wordpress.com/latelier-des-concepts/lontologie/
Ce concept de métaphysique a une longue histoire qui n’a pas toujours été pacifique. Mais pour faire court, disons que « métaphysique » est ici synonyme de « ontologique », ce qui touche à l’être de l’homme même comme son attribut le plus essentiel.Désormais, dans l’acception pascalienne, le mot divertissement, longtemps employé pour désigner une activité ludique, se charge d’un sens philosophique capital. Il est l’expression ultime d’une vacuité d’être que nous n’avons pas le courage de regarder et de guérir. Ainsi, vouloir se divertir, c’est fuir son malheur en le repoussant sans cesse devant soi : cycle infernal dont seul Dieu peut nous libérer.
Cela nous amène à votre deuxième intérêt : le sens de l’écriture d’un roman par exemple. Cette réflexion s’inscrit dans la suite du dialogue que nous avons eu sur « Lire, parler, écrire ». Nous avons plusieurs raisons pour lesquelles nous écrivons.Soit pour rendre hommage à, soit pour faire un récit, soit pour instruire la postérité, soit pour nous évader un peu, soit pour nous détendre. Se détendre, se divertir, s’évader touchent à un ennui ou une fatigue que l’on voudrait dissiper. Divertissement et ennui sont liés. Vous demandez si c’est pareil. Oui, presque pareil, mais pas toujours. On peut se divertir d’une fatigue en écrivant sans référence à l’ennui. L’ennui et le divertissement restent deux différents motifs de distraction qui peuvent tous deux motiver l’écriture.
Pascal nous dit qu’écrire, c’est obéir au « fait de nature » qui consiste en le divertissement. C’est refuser d’être en repos, c’est rechercher l’agitation et l’occupation qui favorisent l’occultation de notre solitude éperdue face à la cruauté de notre situation personnelle. C’est bien le point de vue de Pascal. Nous pourrons dire pas toujours, parce que ce n’est pas un dogme. Mais Pascal n’est pas à un niveau psychologique ou biologique. Il est à un niveau ontologique, il décrit ce qui est fondamental en l’homme. Il est peut-être le seul à y avoir accès. Nous espérons qu’il n’ait pas entièrement raison, et c’est certain. En attendant d’y aller vérifier par nous mêmes, nous répondons à votre question, pas parce que nous sommes ennuyé ou diverti, mais parce que le savoir est aussi un besoin métaphysique d’accomplissement humain.
Pardonnez-nous la longueur,
A bientôt,
Emmanuel
Posted by Cédric bernard on avril 14, 2012 at 6:59 pm
Cher Emmanuel, serait-il possible que vous créer une biographie vous concernant car il est impossible d’en trouver une pour le moment, et j’ai besoin de cela pour pouvoir vous citer en toute légitimité et aussi pour pouvoir critiquer vos dires selon votre parcours professionnel. Bien a vous, merci.
Cédric.
Posted by L'Academie de Philosophie on avril 16, 2012 at 7:50 am
Bonjour Cédric,
Merci de l’intérêt que vous portez à cet espace de méditation philosophique et à mon humble personne.
Je m’appelle Emmanuel Sena AVONYO, originaire du Togo (Afrique Occidentale), né en Octobre 1979 à Kpalimé (Togo), religieux de l’Ordre de Saint Dominique. Je suis étudiant en Philosophie et en Théologie à l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (Unité Universitaire d’Abidjan). Je me passionne pour l’éthique philosophique avec un intérêt particulier pour les questions touchant à l’éthique contemporaine, à la justice et au bonheur. Je suis lecteur entre autres de Paul Ricoeur et de John Rawls.
Ceci n’est évidemment pas une biographie telle que vous la souhaitez. J’espère néanmoins vous avoir donné quelques informations sur moi.
Bien à vous.
Posted by Flavien ALOU on mai 12, 2012 at 8:03 am
excuse moi Fr Emmanuel . eut-on dire que le Togo est en Afrique occidentale ou en Afrique de l’ouest?