PHILOSOPHIE DE L’ACADEMOS

L’Academos est une académie au sens d’Academia, Jardin appartenant au héros grec Academos. C’est dans ce Jardin que les membres de l’Académie de Platon se réunissaient en cercle fermé pour leur initiation philosophique. En donnant le nom Academos à cet espace d’épanouissement philosophique, nous avons voulu placer notre « Académie » (Jardin d’apprentissage) sous le patronage de Platon. Mais tout en restant fidèles à l’idéal de philosophie ésotérique de Platon, en ce sens que la philosophie est une science qui renferme des exigences, nous avons voulu que cet espace soit ouvert à tous ceux qui voudraient s’initier rigoureusement à la pensée philosophique, à tous ceux qui voudraient participer à la construction de cette plate-forme. L’Academos s’adresse donc à un « demos philosophique », un public plus vaste qui accepte de se mettre à l’école de la réflexion philosophique. Ce projet des étudiants de la faculté de philosophie de l’UCAO-UUA est donc ouvert aux autres universités d’Abidjan et d’ailleurs qui voudraient y contribuer.

A l’école de la Sagesse platonicienne

Les lignes qui vont suivre se proposent d’expliciter les objectifs assignés à l’ACADEMOS. Il s’agit d’une description phénoménologique qui nous mènera au comprendre de la chose même, de ce qui est en affaire dans ce projet. Pourquoi Academos et non pas autre chose ?  Pour ne pas courir le risque que notre description ne fasse pas ressortir l’importance du terme « academos», il nous semble nécessaire de consacrer un instant réflexif à ce terme. L’academos, avons-nous dit, évoque le Jardin où le philosophe Platon enseignait, lieu où il semait des paroles de vérité dans les sillons du cœur des initiés. Pourquoi Platon ?

La sagesse comme expérience philosophique nous enseigne que philosopher exige de nous un séjour conceptuel et historial attentif dans la voie de la compréhension de l’Etre, voie tracée par les Anciens. Philosopher reviendrait non seulement à se faire entendre mais surtout à apprendre à écouter ses interlocuteurs, en commençant par la Sagesse des Anciens. Platon est une figure immortelle de cette sagesse grecque. Il est celui-là même qui après l’écoute attentive des enseignements de Socrate, s’est mis en route dans une dialectique ascendante et descendante, pour incarner la vérité contemplée dans la Cité. L’évocation du Jardin fait appel à un endroit clos, elle renvoie à ce lieu fermé où le geste du jardinier accompagne sa pensée, où le geste de planter et la pensée s’enracinent dans un même sol. Lieu philosophique où intelligible et sensible, corps et esprit s’enchevêtrent à la racine de l’Etre.

L’enracinement corporéitique de la pensée philosophique

Le philosophe comme un jardinier est celui qui est attentif, qui appréhende dans le sensible les questions fondamentales de la vie pour les porter sur la scène de la pensée. Cela ne révèle-t-il pas l’aspect corporéitique de la pensée ? En effet, il n’y a pas de penser sans un enraciner perceptif. La pensée ne trouve son sens qu’en prenant racine dans ce sol de crédibilité qu’est notre corps. Notre véritable lieu, notre lieu propre n’est-il pas notre corps ? Le corps n’est-il pas le jardin même, ce lieu de germination de la pensée ?

Nous devons penser, penser par notre corps, car il est la dimension fondamentale de notre être-au-monde qui nous donne l’ouverture au monde et aux autres ; notre époque a besoin des gens qui pensent à partir de leur vie, qui pensent les préoccupations de leur temps. Cette forme de pensée ne saurait évidemment être une pensée calculante mais une pensée méditante, transformante, qui exige de nous que nous acceptions de nous arrêter sur des choses qui à première vue paraissent banales. Nous devons entrer dans la pensée, y tracer notre chemin qui est une voie de méditation, trouver séjour et demeure en elle, c’est-à-dire penser. Le demeurer dans la pensée est le lieu du séjour éthologique qui se dévoile journellement à qui regarde autour de soi.

Un chemin commun de dialectique

Penser, c’est regarder autour de soi, pour voir l’autre avec qui nous cheminons. Penser ne nous enseigne-t-il pas que penser c’est s’ouvrir à l’autre ? Que penser c’est briser les barrières ipséitiques afin d’entrer en relation avec l’autre et avec les autres ? C’est dans le souci de s’ouvrir à l’altérité de la pensée que nous avons créé ce jardin. Ce jardin est un espace philosophique des étudiants d’Abidjan qui s’ouvrent sur le monde de la pensée sans considération de barrières. C’est le lieu où nous essaierons de suivre les traces de notre père Platon sur le chemin de la dialectique qui conduit au Bien et à la contemplation de la vérité.

La dia-lectique socratique rappelle une logique de pensée discursive et dia-logique, elle suggère l’idée d’altérité, d’acceptation de contradiction, de sortie de soi. C’est en cela que consiste la recherche de la vérité. La vérité que nous cherchons nous aussi est une vérité partagée. C’est dans le dialogue avec l’autre qu’advient la vérité qui édifie. L’Academos, notre modeste académie philosophique, sera un lieu d’ouverture, de disputatio, de débat philosophique. Il est ouvert à tous ceux qui veulent entrer en commerce d’idées avec d’autres ; votre participation aux débats, vos articles à publier sont donc les bienvenus.

Par Fr. Mervy-Monsoleil AMADI, op (+)

(Illustre géomètre, co-fondateur de l’Academos, rappelé à Dieu le 04 Janvier 2016)

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3 responses to this post.

  1. Merci de votre article.

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  2. trés bien !!!

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  3. Posted by Daniel VITTET on avril 13, 2021 at 12:37 pm

    Puisque je suis nouveau à votre site, une question : Pourquoi exclure la « pensée calculante », que désignez vous par là ?
    J’espère que ça n’est pas une façon d’exclure la (les) science, que je connais plutôt comme un des fruits de la philosophie.
    Le mystère de la pensée, c’est qu’elle semble a priori logique (ou du moins le revendique-t-elle), mais d’où cela lui vient-il ?
    Cordialement, DV

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