Vierges sages et vierges folles
Le neuvième travail d’Hercule, c’est écrit, nous met en face de créatures féminines. L’une, en posture de force, dispose d’une ceinture magique. L’autre est en situation de précarité, sur le point d’être dévorée par un monstre marin. Face à chacune d’elle, une attitude précise est requise. L’une doit être tuée, l’autre doit être sauvée. L’une est sage parce qu’elle est face à une force largement supérieure, l’autre est folle parce qu’elle croit avoir la force, l’unique, la clé de l’invulnérabilité absolue. Chacune de ces femmes nous dit une façon de vivre. Toutes les deux rappellent une phrase attribuée à Martin Luther King : « un homme n’est fort que s’il unit dans son caractère des antithèses fortement marquées. »
L’homme, pétri de fragilités, est l’expression la plus aiguë du mystère de la création. Ce frêle roseau a pour lui la pensée. Là est sa force pourvu qu’il sache discerner. Le discernement n’atteint sa fin que dans l’action qu’il exige. Tuer la vierge folle, c’est quitter les charmes de l’existence qui font trop vivre. Et qui, par les violents plaisirs qu’ils garantissent, ouvrent les portes de la mort. En somme, il faut tuer pour ne pas mourir. Et c’est la raison pour laquelle nous devons sauver l’innocente victime des monstruosités de toutes sortes qui ternissent la face de l’humanité par une abjecte balafre.
Parler de mort, c’est décidément, être au voisinage de la fin. Après Hercule, à qui le tour? Silence, Mejnour te salue!