Posts Tagged ‘dogmatisme de la conscience’

Pensée du 17 mai 10

« Le dogmatisme de l’inconscient, auquel succombent si facilement les esprits superficiellement frottés de psychanalyse, est enclin, tout aussi abusivement,  à définir exclusivement l’homme par son inconscient. »

André Léonard, Le fondement de la morale. Essai d’éthique philosophique

_______________________________________________________________

GRILLE DE LECTURE

L’illusion de la conscience transparente est le fait du dogmatisme de la conscience. Ce dogmatisme tend abusivement à définir l’homme par la conscience. L’homme est la mesure de ses actes. Or, il n’est pas vrai que l’homme soit totalement transparent à lui-même et qu’il soit une pure liberté. Le pôle opposé de ce dogmatisme est celui de l’inconscient ; il identifie l’homme à son inconscient, il fait de lui le jouet de ses désirs et pulsions. Tout dogmatisme ou tout unilatéralisme de la pensée étant anti-philosophique, il revient à la philosophie d’éclairer les esprits. Pour André Léonard, la philosophie a une double mission : positivement, elle consiste à montrer que le pôle conscient et le pôle inconscient du psychisme humain s’intègrent dans une considération intégrale de la personne humaine. Négativement, la philosophie s’attellera à interdire que du dogmatisme de la conscience transparente, l’on ne sombre dans le dogmatisme inverse de l’inconscient. A y regarder de près, cette deuxième extrémité du dogmatisme est la foi que professent les esprits insuffisamment frottés de psychanalyse. Car le point de vue légitime de la psychanalyse n’est ni englobant ni réducteur nécessairement. C’est cette illusion qui milite en faveur de l’échec du dogmatisme de l’inconscient.

En fait, le psychanalyste adopte toujours une attitude pratique qui rejette tout dogmatisme de l’inconscient, en dépit de l’influence des courants déterministes de la psychanalyse. Le psychanalyste cherche avant tout à libérer les patients dont la vie consciente est perturbée par des dérèglements et des phénomènes aberrants tels que l’hystérie et les névroses. Si le malade parvient à être libéré de l’événement traumatique en identifiant les phénomènes avec l’aide de l’analyste, il lui revient désormais d’avoir une attitude responsable, libre, vis-à-vis des ses traumatismes, en les incorporant à sa vie présente. Il apparaît, comme l’indique André Léonard, que la psychanalyse contient au moins implicitement un pari pour la liberté. Ainsi, contrairement aux illusions entretenues par les caricatures de la psychanalyse, cette discipline ne cherche pas à enfoncer un sujet dans son inconscient et à l’y réduire. Dans toute pratique psychanalytique, il existe une croyance implicite dans la restauration possible de la liberté du sujet, par la victoire de la mémoire sur l’oubli, de la conscience sur l’inconscient.

Emmanuel AVONYO, op

>>> SOMMAIRE >>>