Pensée du 1er février 10

«Le philosophe n’obéit ni ne commande. Il cherche à sympathiser.»

Henri Bergson, La pensée et le mouvant

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GRILLE DE LECTURE

Cette pensée de Bergson illustre bien l’articulation entre l’intuition et la sympathie philosophiques. Chaque philosophe donne sa définition de la philosophie, mais tous se rejoignent sur l’essentiel : l’homme comme objet de toute recherche philosophique. L’homme n’apparaît au sommet de la démarche bergsonienne qu’au bout de l’exercice de la philosophie comme une méthode. En ce sens, l’intuition désigne le rapport de l’esprit humain à lui même en tant que pure intériorité, tandis que la sympathie permet à l’esprit de sortir de lui-même pour coïncider profondément avec des réalités extérieures.

Cette sympathie touche aussi bien aux objets de la connaissance qu’aux hommes, au vital des formes vivantes qu’au social de la société. C’est en cela que l’intuition et la sympathie se complètent et s’identifient comme des méthodes philosophiques ayant le même but. L’intuition philosophique devient essentiellement sympathie avec les choses (dans l’ordre cognitif) et avec les hommes (dans l’ordre politique). C’est aussi en cela que la sympathie pourrait être la caractéristique majeure du philosophe qui ne servirait à rien s’il s’enfermait dans sa tour de connaissance intuitive.

Il lui faut encore assumer une existence sociale par une ascension éthique dont le plus court chemin est l’homme. Le philosophe a moins à commander qu’à obéir à l’appel de la transcendance qui s’incruste dans l’homme et l’appelle à une responsabilité indéclinable. Le philosophe demeure à l’écoute de l’être, il en est le berger. Ce rôle du philosophe est une conquête. Le philosophe cherche à sympathiser, il s’efforce d’être le berger de l’être par la sympathie avec l’être, par une adhérence à son objet. Il se peut que le philosophe soit de cette manière le défenseur d’un humanisme pratique, le héraut d’un humanisme en acte qui réaffirme l’homme comme valeur et la vie spirituelle comme visée de l’être.

Emmanuel AVONYO, op

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2 responses to this post.

  1. Posted by TANTE LEONIE on février 1, 2010 at 10:55 am

    Et voilà comment une journée qui commençait tranquillement s’illumine d’une force joyeuse à Etre ! La sympathie donne du sens au plus plat quotidien, et nous réconcilie avec notre prochain…mais en tirant vers le Haut…
    Tante Léonie

  2. Merci Tante Léonie. C’est bien toute la densité du concept philosophique de sympathie. Il mérite un peu plus d’attention.

    Emmanuel

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