Pensée du 22 février 10

« L’amitié est en effet une certaine vertu, ou ne va pas sans vertu ; de plus, elle est ce qu’il y a de plus nécessaire pour vivre. »

Aristote, Ethique à Nicomaque

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GRILLE DE LECTURE

Aristote célèbre l’amitié comme un acte vertueux. L’amitié se rapporte à la vertu, elle est nécessaire à la vie de l’homme. L’amitié désigne d’une façon générale tout sentiment d’affection et d’attachement pour les autres, qu’il soit spontané ou réfléchi, dû aux circonstances ou au libre choix de l’homme. L’amitié se nourrit de fidélité, elle se traduit par l’amour, la bienveillance, la bienfaisance, la philantrophie… Elle conduit à l’altruisme et favorise la sociabilité. D’où son importance pour la vie. L’amitié est le lien social par excellence qui maintient l’unité entre les citoyens d’une même cité, entre les camarades d’un groupe, ou les associés d’une affaire. Sans amis, aucun homme ne choisirait de vivre, quand bien même il posséderait tous les autres biens. Même les personnes exerçant le pouvoir et l’autorité ne conçoivent pas une existence sans amitié.

L’amitié n’est ni une question de fortune, ni une affaire de pauvreté ou d’âge. Il semble que l’homme heureux n’ait point besoin d’ami. Il est à croire qu’il ne se maintiendra pas longtemps à ce niveau de plénitude sans amis. Plus la prospérité est grande, plus elle est exposée au risque, dit Aristote. Si Aristote affirme que l’homme heureux n’a point besoin d’ami, c’est pour montrer que le bien que procure l’amitié est analogue au bonheur de l’homme heureux. C’est ce qui fait penser qu’il n’y a pas de différence entre un homme bon, vertueux, et un véritable ami. Car, ils partagent la même noblesse. Dans les occasions heureuses comme dans les moments pénibles, dans la jeunesse comme dans la vieillesse, on fait l’expérience de la nécessité de l’amitié. L’amitié vraie préserve les jeunes de l’erreur, elle assure aux personnes âgées des soins et supplée à leur manque d’activité dû à la faiblesse. Dans la pauvreté comme dans tout autre infortune, les hommes pensent que les amis sont l’unique refuge.

L’amitié se décline à l’actif et au passif : fait de celui qui aime, et de celui qui est aimé en retour. L’amitié est réciproque et procure la joie et le bonheur de vivre à ceux qui en sont liés. Le bonheur est le couronnement de l’éthique d’Aristote. Et l’amitié est une condition fondamentale du bonheur. En tant que condition sine qua non du bonheur, l’amitié est une vertu. La vraie amitié est forcément noble et onéreuse. L’amitié est un bien dont la valeur est exquise et dont les exigences sont si élevées, qu’elle ne peut exister et être durable qu’entre des gens vertueux. L’amitié finalise l’homme qui éprouve naturellement une affinité pour son semblable. L’amitié a des grandeurs inconnues de l’amour, écrivait la Sénégalaise Mariama BA (Une si longue lettre). Aristote pense que toute forme d’amour doit être d’amitié. L’amitié est dans les relations interpersonnelles ce que la justice est au plan social et politique. Car la plus grande expression de la justice est de la nature de l’amitié.

Emmanuel AVONYO, op

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