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Pensée du 14 février 10

« … Quelque chose d’absolu est nécessairement engagé dans l’existence morale de l’homme. »

André Léonard, Le fondement de la morale, essai d’éthique philosophique.

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GRILLE DE LECTURE

L’homme ne peut pas se passer de morale. Une existence est avant tout morale puisqu’il n’y a pas d’existence humaine sans activité de l’homme, et qu’il n’y a pas d’action humaine sans principes moraux. La morale peut se définir comme la science normative catégorique de l’agir humain. Elle fixe les normes inconditionnelles de l’action de l’homme. Parce qu’elle rappelle ce que l’homme doit être compte tenu de sa nature profonde, la philosophie morale ne peut manquer de se prononcer sur le sens de l’être humain, et sur sa destinée totale. La philosophie aide à savoir que les grandes facultés humaines que sont l’intelligence et la volonté, sont constitutivement ouvertes sur l’infini, sur l’absolu, et même sur l’Absolu.

Par son intelligence, l’homme à la différence de l’animal, n’est pas seulement ouvert sur tel ou tel objet ou ensemble d’objets, il est infiniment ouvert sur toute réalité en général, voire sur tout sens simplement possible. Descartes affirmait que c’est par l’intelligence que l’homme ressemble le plus à l’Absolu. Il faut y voir l’indice de la grandeur de l’intelligence humaine, malgré ses humiliations par Pascal. Cette grandeur de l’intelligence fait que l’esprit humain n’est jamais rassasié par une somme, même très grande, de connaissances. Il aspire toujours à plus, il s’élance vers des horizons nouveaux, qu’il n’épuisera pas non plus (parce que près de trois millénaires de science n’ont pas mis un terme à la quête de sens de l’homme). Seule la vérité plénière de l’être lui-même, seule, en fin de compte, la plénitude de l’Etre subsistant pourrait le combler totalement.

De même, la volonté humaine, c’est-à-dire, le désir humain, à la différence de l’appétit animal, n’est pas limité, dans son dynamisme à certaines fins déterminées. Il est orienté de manière absolue, vers cela même qui est capable de le saturer, à savoir la bonté, non pas de tel ou tel bien ou ensemble de biens, mais de l’être lui-même en totalité, et finalement de celui qui est le Bien subsistant. Même la somme intégrale de tous les biens finis le laisserait insatisfait. Cela est su de tout le monde. C’est pourquoi la volonté, en chacun de ses mouvements particuliers, se déborde à l’infini en direction d’un surcroît. L’on pourrait multiplier les exemples, pour évoquer l’expérience de l’amour. L’homme court après un objet qu’il étreint grandement et qui pourtant lui échappe infiniment. Il se cache derrière tout cela une soif d’absolu.  L’Absolu n’est-il pas la limite idéale de tous les êtres ? (Hegel) C’est ce qui fait dire à André Léonard qu’il y a quelque chose d’absolu qui est engagé en le moindre de nos actes volontaires et intelligents. C’est aussi pourquoi la norme morale est absolue et catégorique.

Emmanuel AVONYO, op

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