Posts Tagged ‘Kant’
19
Juin
Posted by ACADEMOS in CULTURE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE, SAGESSE. Tagged: Aristote, conformité au réel, David Hume, idées des objets, Kant, Mucchellli Villani, Non contradiction, vérité. Leave a comment
« La vérité consiste soit dans la découverte des rapports des idées considérées comme telles, soit dans la conformité de nos idées des objets aux objets tels qu’ils existent réellement.»
David Hume, Traité de la nature humaine
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GRILLE DE LECTURE
Qu’est-ce que la vérité ? Question philosophique inépuisable. Toute l’histoire de la pensée s’est attachée à décliner la vérité sous des modes variés. Avant la philosophie médiévale et moderne, Aristote avait peut-être fourni des bases certaines à la définition de Hume en enseignant que le vrai et le faux ne sont pas dans les choses mais dans la pensée. Ainsi, la vérité est perçue comme l’adéquation de l’esprit avec la réalité, la conformité de l’intellect avec le réel. Connaître cette conformité, c’est donc connaître la vérité, selon Hume.
Nous trouvons-nous en présence d’une conception matérielle de la vérité ? Kant affirme à la suite de Hume que « c’est dans l’accord avec les lois de l’entendement que consiste le formel de la vérité.» Si la vérité matérielle est l’accord de la pensée avec la chose considérée, la vérité formelle, elle, relève du principe de non contradiction qui met en jeu les lois universelles de l’entendement humain. Quant à Hume, il semble clairement faire signe vers l’accord de nos idées avec la réalité. La vérité est dans la conformité des idées des objets aux objets, comme pour dire à Kant qu’il n’y pas de pensée pure. Tout compte fait, Hume ne doit pas être si facilement rangé parmi les matérialistes.
Au-delà de ces définitions, l’on peut bien se demander si le vrai existe. La vérité est-elle une essence ou une production de l’esprit humain ? Le relativisme des Lumières invite à questionner davantage la vérité. C’est d’ailleurs ce qui a conduit Mucchellli Villani à affirmer que « la réalité est toujours réalité des choses, et la vérité est vérité des hommes ». En ce sens, la vérité est fonction de l’homme qui tente de l’appréhender. Elle dépend de nos idées, des idées que nous avons des objets qui existent réellement. S’il n’y a du vrai que selon l’esprit humain, il va sans dire que cette grille de lecture ne vaut que pour celui qui l’a écrite.
Emmanuel AVONYO, op
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13
Juin
Posted by ACADEMOS in CULTURE, ETHIQUE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE, SAGESSE. Tagged: FRIEDRICH HEGEL, Kant, métaphysique des mœurs, Propédeutique philosophique, qu'est-ce que le bonheur ?. Leave a comment
« Le bonheur n’est pas seulement un plaisir singulier, mais un état durable, d’une part du plaisir affectif, d’autre part aussi, des circonstances et moyens qui permettent, à volonté, de provoquer du plaisir.»
FRIEDRICH HEGEL, Propédeutique philosophique
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GRILLE DE LECTURE
Peut-on s’accorder sur une définition du mot « bonheur » lorsqu’on s’entend souvent dire que chacun a sa vision du bonheur et qu’il est vain d’en chercher une définition rigoureuse et unanime ? Définir le bonheur est un exercice malaisé car ses conceptions sont diverses et variables selon la perspective où l’on se situe. Hegel nous propose une façon de définir le bonheur. Il ressort essentiellement de cette acception du bonheur que celui-ci est un état durable. Il n’est pas réductible à une joie fugace, à des plaisirs ou satisfactions passagers.
Depuis la philosophie antique, le but de la vie humaine est le bonheur. Il est considéré comme la fin parfaite et le souverain bien, comme un état de satisfaction complète, caractérisé par sa plénitude et sa stabilité et qui se distingue du plaisir et de la joie. Aujourd’hui encore, chacun veut vivre en harmonie profonde avec le monde qui l’entoure et dans la sérénité intérieure. Toutes les quêtes spirituelles contemporaines, toutes les formes de religiosité alternative venues d’Orient visent un accomplissement profond de l’homme. Toute l’activité existentielle de l’homme semble orientée vers la recherche d’un bien-être plénier et durable.
C’est pour cette raison que dans la Métaphysique des mœurs, Emmanuel Kant définit le bonheur comme « le contentement de l’état où l’on se trouve accompagné de la certitude qu’il est durable». Mais cette aspiration de l’homme n’est réellement « aspiration » que par son caractère durable et par l’ardeur que l’homme met à vouloir l’atteindre. C’est dans la même perspective que s’inscrit cette pensée de Hegel. Mais ces définitions du bonheur ne sont pas absolument complètes ni généralisables à l’infini. Car l’on peut se demander si l’assassin qui passe son temps à tuer pour survivre sans être inquiété, et qui a réuni des conditions durables de sa joie dans le meurtre professionnel, répond à ce critère de bonheur.
Emmanuel AVONYO, op
Sommaire
16
Mai
Posted by ACADEMOS in CULTURE, ETHIQUE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE. Tagged: habileté technique, Kant, La prudence chez Aristote, morale, moyens, Pierre Aubenque. Leave a comment
« Le prudent d’Aristote est plutôt dans la situation de l’artiste, qui a d’abord à faire, pour vivre dans un monde où il puisse être véritablement homme. La morale d’Aristote est, sinon par vocation, du moins par condition, une morale du faire, avant d’être une morale de l’être. »
Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote
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GRILLE DE LECTURE
Difficile de réfréner son plaisir devant l’hommage que le disciple rend à son maître. La prudence chez Aristote est un des traités de morale les plus consultés sur Aristote. Pierre Aubenque place la prudence au centre de la morale aristotélicienne. Et cette prudence n’est pas à confondre avec la passivité ou la morale couarde du moindre risque. Si elle se rapporte à l’être, c’est d’abord à un être conscient de la part active qu’il doit prendre dans le cosmos. Aristote ne confond pas la vie morale avec la contemplation sans action, ni avec la volonté droite, s’il en est une. Pour lui, la vie morale commande d’adapter constamment les fins aux moyens et les moyens aux fins. Et c’est à cela que sert la prudence.
Cette définition de la prudence fait penser aux sages stoïciens qui se considéraient comme “une œuvre d’art” reflet d’un monde achevé. L’homme aristotélicien n’est pas a priori un sage. Aucun savoir humain ne peut combler l’abîme qui sépare l’homme de la sagesse. A défaut, il peut être au moins prudent. Cela requiert que l’homme agisse, faute de mieux. Pour Pierre Aubenque, vu la contingence du monde, et en attendant le pouvoir de réaliser en nous-mêmes l’ordre que nous contemplons dans le Ciel, il nous appartient d’ordonner le monde en nous engageant prudemment en lui selon le vœu d’Aristote.
Aristote distingue l’habileté technique, indifférente à ses fins, de la prudence qui est morale dans ses fins comme dans ses moyens. Après Aristote, Kant définissait la prudence comme l’habileté dans le choix des moyens qui nous conduisent à notre propre bonheur. La morale est de l’ordre de action, et la prudence, du travail. La morale de la prudence vise le meilleur de l’être, le bonheur. La prudence est pour ce faire une vertu de l’action et de l’être. L’homme n’assume pleinement sa rationalité que dans un faire qui vise l’être. C’est cette idée de prudence qui a sans doute inspiré André Comte-Sponville lorsqu’il écrivait que le principe de précaution n’est pas un principe d’inhibition mais de l’action. C’est pourquoi « le risque zéro, c’est de n’être pas né, ou d’être déjà mort. Vivons donc prudemment, mais sans nous laisser paralyser par la peur. »
Emmanuel AVONYO, op
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18
Fév
Posted by ACADEMOS in CULTURE, ETHIQUE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE, PHILOSOPHIE MORALE ET POLITIQUE. Tagged: André COMTE-SPONVILLE, éthique-bonheur-sagesse, Etudes cyniques., Kant, morale et éthique, morale-vertu-sainteté, Valeur et vérité. Leave a comment
« La morale répond à la question que dois-je faire ? Elle se veut une et universelle. Elle tend vers la vertu et culmine dans la sainteté. »
André Comte-Sponville, Valeur et vérité, Etudes cyniques.
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GRILLE DE LECTURE
La pensée de ce jour a des accents kantiens qu’il faut respecter pour laisser apparaître le contraste. Que dois-je faire ? est la grande question qui traverse la Critique de la raison pratique de Kant, considérée comme un traité de morale. Chez Kant, la doctrine du devoir désigne la morale alors que la doctrine du bonheur est ce que nous appelons l’éthique. Kant affirme que la distinction entre l’éthique et la morale est la première et la plus importante affaire de la raison pure pratique. Pour cette raison, la morale du devoir ne saurait se dissoudre dans l’éthique du bonheur, ni celle-ci se réduire à celle-là. La morale se plie à l’impératif catégorique, alors que l’éthique est soumise à des impératifs hypothétiques. Selon Comte-Sponville, la morale répond à la question que dois-je faire ? alors que l’éthique répond à celle de savoir comment vivre ? Comment vivre pour être heureux. Ces questions peuvent à loisir se combiner pour donner celles-ci : quelle place dois-je faire à la morale pour être heureux ? Pour être moral, quelle place dois-je faire au bonheur ? Comte-Sponville est convaincu, contre Aristote et les Antiques, que la vertu ne suffit pas plus au bonheur que le bonheur ne suffit à la vertu.
C’est pourquoi il entreprend de proposer d’autres définitions plus opératoires que celles de Kant. La morale se définirait désormais comme le discours normatif et impératif qui résulte de l’opposition du Bien et du Mal. Etant entendu que le Bien et le Mal sont des valeurs transcendantes, des valeurs absolues et universelles qui s’imposent inconditionnellement à tous. La morale répond pour cela à la question que dois-je faire ?, elle tend vers la vertu et culmine dans la sainteté. Les principes qui doivent présider à nos choix ne sont moraux que s’ils sont extensibles à toute l’humanité, s’ils peuvent être appliqués à l’autre bout du monde sans faire du tort à quelqu’un. La vertu vers laquelle tend la morale reste une disposition acquise à faire le bien, et le bien s’apprécie universellement. Le terme « sainteté » est employé ici comme chez Kant : au sens moral, et non religieux, du terme. On parlerait par exemple de volonté « sainte » pour dire celle qui ne serait capable d’aucune maxime contraire à la loi du devoir. L’éthique quant à elle résulte de l’opposition du bon et du mauvais. L’éthique est relative et particulière. Elle tend vers le bonheur et culmine dans la sagesse. On peut bien se demander pourquoi la morale tend seulement vers la vertu. Que la vertu ne suffise pas à faire le bonheur, et que le bonheur soit hors d’atteinte totalement, qu’est-ce qui empêche le malheureux d’être vertueux ? Si le « saint » n’est pas toujours heureux, qu’est ce qui empêche le sage d’être vertueux ? Ne peuvent-ils pas assumer une disposition constante à faire le bien ? Qu’est-ce qui dispense le saint et le sage d’une disposition habituelle à bien agir, si ce n’est un désir délibéré de vider sémantiquement l’action humaine de toute substance perfectible ? On ne se brouille pas avec les Anciens impunément.
Emmanuel AVONYO, op
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9
Déc
Posted by ACADEMOS in CULTURE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE. Tagged: Art et vérité, connaissance, connaissance unifiée, Elvis-Aubin Klaourou, JEAN GRANIER, jugements analytique et synthétique, Kant, l'universel et le particulier, le jugement, les concepts et l'intuition, médiateur universel, Schopenhauer. 3 comments
« Le jugement est le médiateur universel de la connaissance. »
JEAN GRANIER, Art et vérité
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GRILLE DE LECTURE
Supposons que j’énonce la question suivante : qu’est-ce que la connaissance ? Nous serons tentés de dire que la connaissance est l’acte de connaître. Connaître en effet, nous inscrit dans un statut épistémique où l’on réussit à saisir l’ultime individualité de l’individuel. Autrement dit, la connaissance est l’acte par lequel l’on réussit à rendre compte aux autres et à soi, de ce qui fait l’essence ou la quiddité des choses. De cette réponse, je puis au moins déduire que la connaissance est à mis chemin lorsqu’elle porte son regard sur l’apparence ou les hypothèses. Sans aucun risque d’erreur, nous pouvons admettre que l’on ne connaît véritablement que lorsqu’on se situe à la jointure des choses après s’être départi de la multiplicité et des apparences.
Dès lors, si la connaissance consiste en une communion à l’essence des choses, il nous faudra par voie de conséquence admettre que pour connaître, il importe de mener un discernement, mieux un jugement capable de nous élever aux principes c’est-à-dire à ce sans quoi la chose perdrait sa choséité. Du coup, le jugement se pose comme le vecteur grâce auquel la connaissance aboutit à son achèvement. Mais en fait que signifie le jugement ? La réponse à cette question semble se dessiner dans la mondanéité du Dasein.
En effet, Dans le quotidien factuel de celui-ci, il lui arrive d’être un être fasciné, un être pris dans le monde, un être capté par le monde. Tout se passe comme s’il était pris dans l’étau de la multiplicité des choses. Pourtant dans le processus de la connaissance, il s’efforce de repousser cette oppression pour ensuite dans un acte de recueillement se retrouver avec l’essence des choses. Un tel mouvement est ce qu’il convient de nommer jugement.
En un mot comme en mille, le jugement est l’acte par lequel l’esprit se recueille. Par l’outil du jugement nous nous retirons du monde. Un retrait qui en réalité est un retour au monde de l’apparaître afin de réfléchir sur le particulier que celui-ci renferme. Porter donc par la raison dont chacun est pourvu, il se présente ainsi comme le médium universel de la connaissance puisque le jugement est inséparable de l’intelligence d’une signification[1].
Elvis-Aubin Klaourou
Pensée du 08 décembre
L’academos
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[1] Karl Jaspers, Initiation à la méthode philosophique, trad. Laurent Jospin, 1966, Paris, Ed. Payot & rivages, 1970, p. 77.
2
Déc
Posted by ACADEMOS in CULTURE, EPISTEMOLOGIE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE. Tagged: Aristote, conformité au réel, David Hume, Emmanuel AVONYO, idées des objets, Kant, Mucchellli Villani, Non contradiction, vérité. Leave a comment
« La vérité consiste soit dans la découverte des rapports des idées considérées comme telles, soit dans la conformité de nos idées des objets aux objets tels qu’ils existent réellement.»
David Hume, Traité de la nature humaine
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GRILLE DE LECTURE
Qu’est-ce que la vérité ? Question philosophique inépuisable. Toute l’histoire de la pensée s’est attachée à décliner la vérité sous des modes variés. Avant la philosophie médiévale et moderne, Aristote avait peut-être fourni des bases de la définition de Hume en enseignant que le vrai et le faux ne sont pas dans les choses mais dans la pensée. Ainsi, la vérité comme adéquation de l’esprit avec la réalité, la conformité de l’intellect avec le réel. Connaître cette conformité, c’est donc connaître la vérité, selon Hume.
Nous trouvons-nous en présence d’une conception matérielle de la vérité ? Kant affirme à la suite de Hume que « c’est dans l’accord avec les lois de l’entendement que consiste le formel de la vérité.»Si la vérité matérielle est l’accord de la pensée avec la chose considérée, la vérité formelle, elle, relève du principe de non contradiction qui met en jeu les lois universelles de l’entendement humain. Quant à Hume, il semble clairement faire signe vers l’accord de nos idées avec la réalité. Tout compte fait, Hume ne doit pas être si facilement rangé parmi les matérialistes.
Au-delà de ces définitions, l’on peut bien se demander si le vrai existe. La vérité est-elle une essence ou une production de l’esprit humain ? Le relativisme des Lumières invite à questionner davantage la vérité. C’est d’ailleurs ce qui a conduit Mucchellli Villani à dire que « la réalité est toujours réalité des choses, et la vérité est vérité des hommes ». En ce sens, la vérité est fonction de l’homme qui tente de l’appréhender. Elle dépend de nos idées, des idées que nous avons des objets qui existent réellement. S’il n’y a du vrai que selon l’esprit humain, il va sans dire que cette grille de lecture ne vaut que pour celui qui l’a écrite.
Emmanuel AVONYO, op
Pensée du 01 Décembre
L’academos
Sommaire
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[1] Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, trad. Tremesaygues & Pacaud, PUF, 1997, p. 60.
28
Nov
Posted by ACADEMOS in CULTURE, ETHIQUE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE. Tagged: bonheur, conditions du bonheur, FRIEDRICH HEGEL, Kant, métaphysique des mœurs, Propédeutique philosophique. Leave a comment
« Le bonheur n’est pas seulement un plaisir singulier, mais un état durable, d’une part du plaisir affectif, d’autre part aussi, des circonstances et moyens qui permettent, à volonté, de provoquer du plaisir.»
FRIEDRICH HEGEL, Propédeutique philosophique
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GRILLE DE LECTURE
Peut-on s’entendre sur une définition du mot « bonheur » lorsqu’on s’entend souvent dire que chacun a sa vision du bonheur et qu’il est vain d’en chercher une définition rigoureuse et unanime ? Définir le bonheur est un exercice malaisé car ses conceptions sont diverses et variables selon la perspective où l’on se situe. Hegel nous propose une façon de définir le bonheur. Il ressort essentiellement de cette acception du bonheur que celui-ci est un état durable. Il n’est pas réductible à une joie fugace, à des plaisirs ou satisfactions passagers.
Depuis la philosophie antique, le but de la vie humaine est le bonheur. Il est considéré comme la fin parfaite et le souverain bien, comme un état de satisfaction complète, caractérisé par sa plénitude et sa stabilité et qui se distingue du plaisir et de la joie. Aujourd’hui encore, chacun veut vivre en harmonie profonde avec le monde qui l’entoure et dans la sérénité intérieure. Toute l’activité existentielle de l’homme semble orientée vers la recherche d’un bien-être plénier et durable.
C’est pour cette raison que dans la Métaphysique des mœurs, Emmanuel Kant définit le bonheur comme « le contentement de l’état où l’on se trouve accompagné de la certitude qu’il est durable». Mais cette aspiration de l’homme n’est réellement « aspiration » que par son caractère durable et par l’ardeur que l’homme met à vouloir l’atteindre. C’est dans la même perspective que s’inscrit cette pensée de Hegel. Mais ces définitions du bonheur ne sont pas soutenables absolument ni généralisables à l’infini. Car l’on peut se demander si l’assassin qui passe son temps à tuer sans être inquiété, qui a réuni des conditions durables du meurtre professionnel, répond à ce critère de bonheur.
Emmanuel AVONYO, op
Pensée du 27 novembre
L’academos
Sommaire
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24
Nov
Posted by ACADEMOS in CULTURE, ETHIQUE, METAPHYSIQUE, PHILOSOPHIE, PHILOSOPHIE MORALE ET POLITIQUE. Tagged: action, André COMTE-SPONVILLE, Aristote, contemplation, Emmanuel AVONYO, fins, habileté technique, Kant, La prudence chez Aristote, morale, moyens, Pierre Aubenque. Leave a comment
« Le prudent d’Aristote est plutôt dans la situation de l’artiste, qui a d’abord à faire, pour vivre dans un monde où il puisse être véritablement homme. La morale d’Aristote est, sinon par vocation, du moins par condition, une morale du faire, avant d’être et pour être une morale de l’être. »
Pierre Aubenque, La prudence chez Aristote
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GRILLE DE LECTURE
Difficile de réfréner son plaisir devant l’hommage que le disciple rend à son maître. La prudence chez Aristote est un des traités de morale les plus consultés sur Aristote. Pierre Aubenque place la prudence au centre de la morale aristotélicienne. Et cette prudence n’est pas à confondre avec la passivité ou la morale couarde du moindre risque. Si elle se rapporte à l’être, c’est d’abord à un être conscient de la part active qu’il doit prendre dans le cosmos. Aristote ne confond pas la vie morale avec la contemplation sans action, ni avec la volonté droite, s’il en est une. Pour lui, la vie morale commande d’adapter constamment les fins aux moyens et les moyens aux fins. Et c’est à cela que sert la prudence.
Cette définition de la prudence fait penser aux sages stoïciens qui se considéraient comme « une œuvre d’art » reflet d’un monde achevé. L’homme aristotélicien n’est pas a priori un sage. Aucun savoir humain ne peut combler l’abîme qui sépare l’homme de la sagesse. A défaut, il peut être au moins prudent. Cela requiert que l’homme agisse, faute de mieux. Pour Pierre Aubenque, vu la contingence du monde, et en attendant le pouvoir de réaliser en nous-mêmes l’ordre que nous contemplons dans le Ciel, il nous appartient d’ordonner le monde nous s’engageant prudemment en lui selon le vœu d’Aristote.
Aristote distingue l’habileté technique, indifférente à ses fins, de la prudence qui est morale dans ses fins comme dans ses moyens. Après Aristote, Kant définissait la prudence comme l’habileté dans le choix des moyens qui nous conduisent à notre propre bonheur. La morale est de l’ordre de action, et la prudence, du travail. La morale de la prudence vise l’être, le bonheur. La prudence est pour ce faire une vertu de l’action et de l’être. L’homme ne se rationalise que dans un faire qui vise l’être. C’est cette idée de prudence qui a sans doute inspiré André Comte-Sponville lorsqu’il écrivait que le principe de précaution n’est pas un principe d’inhibition mais de l’action. C’est pourquoi « le risque zéro, c’est de n’être pas né, ou d’être déjà mort. Vivons donc prudemment, mais sans nous laisser paralyser par la peur. »
Emmanuel AVONYO, op
Pensée du 23 novembre
L’academos
Sommaire
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18
Oct
Posted by ACADEMOS in PHILOSOPHIE. Tagged: autonomie, axiologie, Descartes, humanisme, Kant, Luc Ferry, Marcel Gauchet, normativité, Protagoras, religiosité, sujet, vertu. Leave a comment
« Nous sommes entrés dans le règne de l’humanisme où les valeurs ne sont plus du domaine de l’être, ne sont plus domiciliées dans la nature, mais relèvent du devoir-être, d’un idéal à venir, et non d’un réel a priori harmonieux et bon, toujours déjà donné aux hommes et prêt à les accueillir avec bienveillance ».
LUC FERRY, Qu’est-ce qu’une vie réussie ?
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GRILLE DE LECTURE
L’humanisme est une doctrine philosophique et éthique qui met l’homme et les valeurs humaines au-dessus de toutes les autres valeurs. Il est caractérisé par un effort pour promouvoir la dignité de la personne humaine et endiguer toute tentative de la réduire à un simple moyen. Né depuis le temps de Protagoras, le mouvement parvient à maturité dans une modernité marquée par la liberté de choix, le désir d’accomplissement moral personnel, et ce que Marcel Gauchet appelle « le désenchantement du monde ». Alors que les Grecs voyaient dans la nature l’harmonie parfaite et le modèle d’être, l’humanisme moderne, sous la houlette de Descartes et Kant, déplace le centre de gravité des valeurs de la nature au sujet rationnel doué d’autonomie morale. L’humanisme en question n’est pas l’humanisme de la première modernité (15e et 16e siècles) mais l’humanisme des Lumières. Celui-ci remet en cause l’en-soi des valeurs et constitue le sujet individuel en un centre de décision autonome.
Le règne de l’humanisme est donc celui de la redéfinition de la vertu, qui n’est plus simple actualisation d’une nature bien née, mais lutte de liberté contre la naturalité en nous. L’ordre naturel y perd sa transcendance, l’humanité à construire ne préexiste pas à l’homme et l’être moral vole en éclats. Les valeurs relèvent dorénavant du devoir-être, de l’à venir. Les accents de normativité et de religiosité cosmiques antiques deviennent surannés et font place à l’émergence d’un sujet dont la centralité dénonce toute valeur établie. Du coup, l’homme semble devenir sa propre norme, il donne la forme qui lui convient à sa vie morale selon les circonstances de la vie. L’esprit critique et la faculté de choix de l’homme finissent de lui enlever la bienveillance par laquelle il pouvait docilement se soumettre à une axiologie naturelle.
Emmanuel Sena AVONYO, op
NUL N’ENTRE ICI S’IL N’EST GEOMETRE>>>
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